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BL 2 - avril 2021

lundi 2 janvier 2017

Entre Louvain et Namur : une ligne anti-chars

Dès 1927, l'état-major de l'armée belge a entamé des études théoriques relatives à la position Anvers-Louvain-Namur (Voir "Archives du blog" : décembre 2010).

La position Anvers-Namur revient à l'ordre du jour en novembre 1939. Dans un premier temps, il est décidé d'entamer la construction d'une ligne anti-chars ("éléments Cointet dans les fonds, tétraèdres sur les crêtes *...") entre Wavre et Namur. 
* Rapport du Capitaine B.E.M. Bernard (12/09/1940) : Historique de la position K.W; et de la 4ème D.Gn.
 

Elément "Cointet", Perwez - 16/05/1940

Tétraèdres, Perwez - 16/05/1940

Le premier tracé choisi est celui du chemin de fer Ottignies - Gembloux - Rhisnes - Namur. On aménage en "anti-chars" la ligne de Mont - St - Guibert à Rhisnes, le chemin de fer constituant lui même un obstacle dans ses nombreuses parties en remblai ou en déblai. Le tracé quittait le chemin de fer à Mont - St - Guibert pour se raccrocher à la Dyle à Basse Wavre en passant par l'Est de Wavre (Ligne K.W.).


Tracés de janvier 1940février 1940
et d'avril 1940 
+ ligne K.W. de Leuven à Wavre

En février 1940, la ligne antichar est déplacée sur le tracé Gastuche, Chaumont-Gistoux, Liernu, Marchovelette, mais ce n'est pas encore le tracé définitif. 



Après maintes tergiversations, c'est en avril 1940 que la 4ème direction du Génie s’efforcera de "rendre anti-chars" le tracé : Cognelée, Dhuy, Liernu, Perwez, Thorembais, Wastnes, Incourt, Sart-Mélin, Beauvechain, Bierbeek, Chemin de fer Louvain-Liège.
 
Tracé définitif cartographié par l'armée allemande 
(Denkfchrift über die belgifche landesbefetigung - 01.10.1941)

De cette ligne antichar inachevée le 13 mai 1940, il ne reste que quelques bornes d'amarrage pour les éléments "Cointet" (description des éléments "Cointet", ci-dessous et Archives du blog )

Fixation d'un élément "Cointet"
sur une borne amarrage


Sart-Mélin:




Rue du Sart (S)
Rue du Sart (S)


Rue du bois St Gervais (G)

Rue du bois St Gervais (G)



Chaussée de Wavre (W)

Chaussée de Wavre(W)

Thorembais-les-Béguines:



Chaussée de Charleroi

Chaussée de Charleroi

Perwez:



Ferme d'Alvaux

Ferme d'Alvaux



Ferme d'Alvaux

En 1993, une borne anti-chars a été déplacée de la ferme d'Alvaux jusqu'à Chaumont-Gistoux pour prendre place devant le musée de la Ligne K.W. L'exploitant Baudouin Minne l'avait déterré en 1990 car elle gênait.

Musée de la ligne K.W.

Avenue Wilmart

Avenue Wilmart

Avenue Wilmart

Cognelée:




Chaussée de Namur

Chaussée de Namur


ELEMENT "COINTET":

L’élément « Cointet » (aussi appelé élément « C », porte belge, barrière belge, …) aurait été inventé par le général français Léon-Edmond de Cointet de Fillain en 1933. 
Modèle "français" - Ligne Maginot

Cet élément se présente sous la forme de herses métalliques qui peuvent s’accrocher les unes aux autres. Il y en a 2 modèles : le modèle français et le modèle belge. Le modèle belge se distingue du français par l'ajout de 8 cornières verticales en façade ayant pour fonction d'empêcher les fantassins ennemis de passer au travers, les obligeant à l’escalader, les mettant ainsi à découvert sur son sommet.
Modèle "belge" - Canal Albert 11-05-40

Quelques 75.000 exemplaires furent construits, sur commande de l’armée belge, par plusieurs usines civiles. Le 10 mai 1940, 73 600 pièces avaient déjà été fournies par l'industrie et mises bout à bout de façon interrompue sur environ 221 Km, notamment sur la ligne KW.

Perwez, 16/05/1940

Une barrière "Cointet" belge pèse environ 1 300 Kg pour une largeur avant de 2,88 mètres et une hauteur de 2,52 mètres. Cette barrière repose sur trois rouleaux creux en acier galvanisés (1,4 cm d’épaisseur) dont deux (de 30 cm de diamètre pour une longueur de 75 cm) à axe fixe à l’avant et 1 (de 30 cm de diamètre pour une longueur de 56 cm) à axe pivotant à l’arrière.
 Perwez - 16/05/1940

Le but de son utilisation était de former un mur antichar pour empêcher ou gêner le passage. Les éléments « Cointet » qui peuvent s’accrocher les uns aux autres, constituent des barricades sans limite de longueur, permettant ainsi de barrer les routes, les champs,… en avant des fortifications, afin de ralentir l’ennemi sur un terrain dépourvu d'obstacle naturel.
 Perwez - 16/05/1940

Ces barrières peuvent être placées en travers des routes, des tunnels, des ponts, … et maintenues en place par une élingue d'acier courant au ras du sol d'une borne "Cointet" à l'autre.


 Perwez - 16/05/1940

A chaque interruption routière, des bornes d’amarrage permettaient, au moyen de câbles, de fixer la première ou la dernière barrière de l’ensemble, ou de la retirer pour laisser passer la circulation locale en faisant pivoter celle-ci sur ses rouleaux. Elles étaient alors temporairement placées sur le côté en attente de devoir refermer l’ensemble en cas d’urgence.

 Perwez - 16/05/1940

Après les hostilités de mai 1940, les allemands firent rapidement enlever les éléments "Cointet".

Canal Albert 11-05-40


Dès novembre 1942, l'occupant les réemploya au profit des défenses allemandes principalement sur le "mur de l'Atlantique".


En Normandie...

Revanche sur l'histoire, en juin 1944 les  Américains vont notamment utiliser les éléments « Cointet » disponibles en grand nombre sur les plages pour mener la Bataille des haies en soudant sur l’avant des chars des « lames d’acier »(découpées sur les barrières) de telle sorte qu'elles empêchent le char d'élever son avant et de l'exposer aux canons antichar et aux panzerfaust quand ils cherchent à enfoncer les haies.


"Lames d'acier"

Char M10 équipé du "hedge-cutter"

Il s’agit du dispositif « Culin » (du nom de son inventeur le Sergent Curtis G. Culin (1915-1963)) connu aussi sous le nom de « hedge-cutter » (coupeur de haie), dispositif qui permettait d'éventrer d'un seul coup la levée de terre qui constituait la base de la haie.



Partie frontale d'un élément 'Cointet" récupéré sur l' Ile de Ré
 en novembre 2015, arrivé au musée de Jandrain* en mars 2016

* Musée du corps de cavalerie français 1940 :
Voué au souvenir des combats du "Corps de Cavalerie français 1940", le musée présente au visiteur des documents rares, cartes, photos, pièces d'équipement, armements, munitions, … de tous les régiments français qui ont pris part aux combats de mai 1940.
Mis aux ordres du Général Blanchard, le Corps de Cavalerie du Général Prioux (2ème et 3ème Divisions légères Mécaniques) avait reçu la mission d'assurer la couverture de la mise en place de la 1ère Armée. Concrètement, il devait empêcher les troupes allemandes de prendre contact avec la position de défense de la 1ère Armée avant le 14 mai au matin...

Ça donnera lieu à la première bataille de chars de la seconde Guerre mondiale !

... documents rares, cartes, ...


SOURCES :
http://ww2today.com/9-july-1944-the-culin-hedge-cutter-on-the-normandy-battlefield
http://www.39-45.org/viewtopic.php?f=126&t=42988
http://www.loutan.net/olivier/archives/2015/12/28/obstacle-antichar-et-anti-infanterie-portes-belges-barriere-cointet-armee-allemande/
http://www.go2war2.nl/picture.asp?pictureid=1909
Robert Pied : «Wavre, centre antichar». Tome I; « L'Enfer de la Dyle, mai 40». Tome II. Edités par le syndicat d'initiative de Wavre.
Rapport du Capitaine B.E.M. Bernard (12/09/1940) : Historique de la position K.W; et de la 4ème D.Gn.
Denkschrift über die Belgische Landesbefestigung - Hrsg. Oberkommando des Heeres, Berlin 1941






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